À l’occasion de son Assemblée Générale 2019, le CAUE27 a publié « L’Eure, territoire en transition« , un recueil de témoignages prospectifs qui imagine le département en 2027 avec celles et ceux qui participent à sa transformation. Découvrez ci-dessous un extrait revenant sur la création de logements adaptés dans la commune de Claville.

Gérard Thébault – Maire de Claville

Aujourd’hui, en 2027, c’est en tant qu’ancien maire que je vous parle. Claville est une commune de 1700 ha, à 10 km d’Evreux, dont la population a doublé depuis 1960. Le type d’architecture chez nous est très conventionnel : on est en assainissement individuel donc les terrains font 1000-1500 m2 avec la maison implantée au milieu.

Quand on a 30 ans avec 2 enfants en bas âge, on se sent plein d’ardeur. C’est comme dans la chanson de Bénabar, cette maison elle évolue, elle bouge : on l’agrandit, on fait une véranda, on fait une cave à vin. Et puis les enfants quittent la maison, on a les petits-enfants… Et arrive un moment où on a 75-80 ans, en pleine période de transition. On n’est pas assez âgé pour aller en EHPAD et on n’est pas dans l’état d’aller en EHPAD.

À Claville, certains hameaux sont à 3 km du bourg et trois questions se posent pour leurs habitants :

  • Comment entretenir son jardin ? Il faut tailler les haies, tondre la pelouse…
  • Comment faire face à la perte d’autonomie ? Si l’on ne peut plus conduire demain…
  • Et comment faire face à la perte d’une partie de la population ? Faute de pouvoir le faire évoluer, on vend son logement… Les personnes âgées partent vers les bourgs et les villes voisines où elles vivent en appartement.

Donc, on s’est posé la question : que faire pour proposer une offre adaptée à notre population ?

On a trouvé un terrain de 3000 m2 en centre-bourg sur lequel on a, en 2018, fait un projet de logements adaptés. Ce sont des F2 et F3, avec un F4 en étage pour une famille qui va amener aussi un peu de jeunesse dans ce petit lotissement sénior. C’est du logement BBC avec des espaces de vie assez spacieux. Parce que, quand on veut proposer quelque chose et permettre aux gens de sauter le pas, s’ils quittent une maison de 140-160 m2 pour se retrouver dans un foyer-logement, ce n’est pas forcément acquis d’avance. Donc là, les séjours font 35 m2. Il y a une qualité architecturale, avec de l’ardoise et de la brique, qui est plutôt pas mal.

Le logement adapté, c’est le bac de douche à l’italienne, les portes de 90 cm de large, les volets roulants électriques. Chaque logement est équipé d’un petit terrain, avec une terrasse. Et là, on a accentué sur le service : chaque terrain est accessible de l’extérieur par un petit portillon et c’est la commune qui entretient les terrains. Les résidents n’ont rien à faire, ils sont là pour profiter.

En 2027, nous avons encore dans la commune une école qui fonctionne avec 130 élèves et nous cuisinons les repas sur place. Déjà en 2000, nous avions un service de livraison de repas occasionnel. Alors, il ne s’agit pas de livrer des repas toute l’année, mais en dépannage : une personne qui sort d’hospitalisation, une personne qui est grippée, qui demande sur quelques jours un dépannage, on peut la livrer en repas.

Ce cercle vertueux permet de densifier le centre-bourg. Les gens font vivre nos commerces qui existent toujours en 2027 : on a le boulanger-pâtissier, le boucher-charcutier, on a toujours un médecin, on a la coiffeuse, des infirmières. Nos résidents du lotissement sénior ont libéré des maisons individuelles qui ont été offertes à la vente. Il y a eu renouvellement de population. Et en même temps, cette offre de logements a permis d’éviter de grignoter des terres agricoles.

Nous fêtons cette année les 98 ans d’une de nos résidentes, qui est là, qui se plaît toujours. Donc tout va bien et l’équipe municipale suivante planche déjà sur d’autres projets !

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