La mare du routoir de Crosville-la-Vieille

Territoire
Commune de Crosville-la-Vieille

Description
La commune de Crosville-la-Vieille s’interroge sur l’opportunité d’intervenir sur trois mares publiques de son territoire. Celles-ci sont très différentes et constituent des cas d’école intéressants à examiner. La mare du Routoir a l’intérêt de présenter un caractère doublement patrimonial. Comme le nom de « routoir » l’indique, cette mare était a priori destinée à un usage spécifique : le rouissage des récoltes de lin ou de chanvre. Cet usage est confirmé par une situation en isolé, en plein champ, à près de 500 m du village. Ses vastes dimensions (± 2 500 m2 de plan d’eau), une profondeur faible et régulière et la présence possible d’une chaussée centrale immergée (témoignage oral) précisent les caractéristiques fonctionnelles possibles des routoirs les plus adaptés à leur usage. Son caractère patrimonial est également écologique : sa flore aquatique spécifique a motivé son classement en ZNIEFF (cf. compte-rendu ci-dessous).

 

Mares et usages d’autrefois

Territoire
Commune de Prey

Description
Les cartes postales anciennes nous apportent des indications sur la vie quotidienne du début du XXème siècle. Ainsi cette carte postale représentant la mare centrale du village de Prey (photo 1); son agrandissement (photo 2) montre un ponton « à roulettes » qui servait à s’avancer vers l’intérieur de la mare. Deux de ces pontons sont visibles sur la carte postale. Les roues rendaient le ponton amovible, déplaçable au gré des variations saisonnières du niveau de l’eau. Le prélèvement d’une eau moins chargée que celle de la berge était ainsi facilité. Une hypothèse similaire mérite d’être proposée pour le radeau occupé par les trois personnes. Identifiable sur des cartes postales représentant d’autres mares, il pourrait s’agir d’un lavoir flottant permettant de gagner les eaux plus profondes du centre de la mare pour mieux y rincer son linge.

Il est légitime de supposer que les stratégies étaient infinies pour se prémunir contre les infections et les souillures. Un habitant du Roumois témoigne ainsi, qu’enfant, il devait surveiller les vaches à l’abreuvement pour les éloigner d’un coup de bâton sitôt qu’un mouvement de leur queue indiquait une envie imminente d’uriner.

La dernière photo montre la mare telle qu’elle se présente aujourd’hui. Ce ravissant miroir cache à merveille l’espace de peines et de préoccupations quotidiennes qu’il fut il y a moins d’un siècle. Un dernier détail attire l’attention. La surface en eau semble avoir considérablement augmenté. Il s’agit d’un constat propre à la plupart des mares communales actuelles : derniers exutoires existants, elles accueillent les ruissellements autrefois partagés avec une constellation de petites mares privées aujourd’hui comblées.

 

Réserve à incendie & arsenal

Territoire
Commune de Coudres

Description
Un usage passé des mares était l’approvisionnement en eau en cas d’incendie. On cite fréquemment l’exemple du four à pain normand, bâti partiellement en colombage et chaume, potentiellement inflammable du fait de son usage et systématiquement situé à côté d’une mare.

De manière générale, la proximité des bâtiments et des mares était recherché, l’exemple le plus emblématique étant la présence d’une vaste mare au cœur des fermes à cour carrée.

Cette logique s’exprime également à l’échelle des villages groupés ou des hameaux. Ainsi, sous la troisième république, la commune de Coudres a formalisé cette tradition en érigeant son arsenal des pompiers au plus près de la plus vaste mare au centre du bourg. On retrouve l’association arsenal / mare dans d’autres communes du département comme Douains ou les Essarts.

 

Mare d’abreuvement ou ancien routoir ?

Territoire
Commune de Bois-Normand-Près-lyre

Description
La géométrie régulière de cette mare semble indiquer un ouvrage hydraulique récent. Pourtant cette mare est similaire à celle qui apparaît sur le cadastre napoléonien (±1830). Située en bord de route, connectée à un fossé, en limite de plaine agricole, cette mare pourrait devoir sa configuration particulière à un usage spécifique comme le rouissage après récolte des bottes de lin ou de chanvre. Aucun toponyme n’atteste malheureusement cette hypothèse.

Le cadastre napoléonien (cf. illustration n°2) permet également de juger de l’extrême densité de mares de ce hameau. Chaque propriété est souvent dotée d’au moins deux mares. La plus importante d’entre elles correspond aux douves du château qui tracent les limites médiévales des basses et hautes cours du château primitif.

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