Mare de la Butte aux Anglais, halte pique-nique

Territoire
Commune de Bois -Arnault

Description
Le XIe siècle a vu la Normandie se couvrir d’un semis de fortifications de terre. Sur les plateaux de l’Eure, ces « mottes castrales » prenaient la forme d’une butte érigée à partir des déblais issus du creusement d’une douve circulaire. Outre ce fossé, l’installation militaire était défendue d’une palissade et d’une tour, le plus souvent bâties en bois. Lorsque le site était favorable, ces douves se remplissaient naturellement en eau générant une forme particulière de mare.

La Butte aux Anglais est située à proximité immédiate de l’église. Malheureusement, une moitié de son relief a disparu, arasée pour gagner plus de surfaces agricoles, et restituant de fait, le relief plat d’avant la période médiévale. L’autre moitié, boisée, est encore dotée des derniers vestiges du fossé annulaire. Son usage de mare lui a sans doute aidé à traverser les siècles.

Ce site représentatif du passé local a été réinvesti récemment par la commune avec l’aménagement d’une halte pique-nique pour randonneurs. Les fortes pentes de la motte, en surplomb de la mare ont dicté une intervention minimale sur les berges, à la fois pour protéger ce site archéologique potentiel, et pour limiter tout risque de chute.

 

Mare du Château de la Duquerie

Territoire
Commune de Bois-Normand-Près-lyre

Description
A la surface du plateau, la taille des mares relevait l’importance de chaque établissement humain. Château, maison des champs ou grosse ferme se devaient d’entretenir une réserve d’eau dont le volume traduisait la « valeur » et la qualité du train de maison.

Affichant un tracé plus régulier et soigné, ces grandes mares privées possédaient des usages plus nobles, comme ici, plan d’eau avec pavillon d’été autorisant pêche et canotage. On notera cependant le soin apporté à la clôture les berges qui laisse supposer la persistance d’usages fonctionnels exigeant une eau très propre.

Pour les demeures d’importance, la « mare nette » destinée à l’approvisionnement alimentaire était souvent remplacée par une citerne enterrée recueillant les eaux de toiture. Cet usage, attesté dès le XVIème siècle grâce à sa description par Olivier de Serres dans son « Théâtre d’agriculture et ménage des champs », s’est sans doute surtout développé à partir du XVIIIème siècle. On rappellera enfin l’importance de la proximité entre le logis principal et la mare, celle-ci pouvant, en cas de besoin, servir de réserve à incendie.

 

Lavoir de la mare du Château de Beaumesnil

Territoire
Commune de Beaumesnil

Description
Dans la mémoire collective, les grandes mares communales évoquent le souvenir des lavandières d’antan. Seuls vestiges de cet usage : le lavoir, de bois ou de briques, érigé par la collectivité.

Seules quelques grandes maisons pouvaient alors se permettre de posséder en propre cet équipement « de confort ». Le lavoir des communs du château de Beaumesnil appartient à cette dernière catégorie. Le visiteur du parc du château peut le découvrir au delà de la grande douve, au bord d’une mare, dissimulé par les arbres et l’ancienne motte féodale.

Réservé au personnel du domaine, il possède de modestes dimensions. Par contre, certains détails architecturaux témoignent de la qualité de son propriétaire : d’élégantes proportions dignes d’un pavillon de jardin, toit à quatre pans revêtu de tuiles plates à petit moule si représentatives du Pays d’Ouche, et surtout, ce plancher mobile qui permettait d’adapter son niveau aux variations saisonnières du niveau du plan d’eau. L’abandon du lavoir a provoqué la disparition d’une partie du dispositif de levage mais chaînes et tambours d’enroulement attestent encore de son existence.

 

Le manoir du Bois-Baril

Territoire
Commune de la Barre-en Ouche

Description
Les « mottes castrales » ont évolué au cours du Moyen-Age développant une fonction résidentielle et s’adaptant à l’art militaire de chaque époque. Conçues à l’origine selon un dessin circulaire, leurs douves suivent des tracés  plus linéaires avec la généralisation des constructions de pierre.

Le Manoir du Bois-Baril (XVIe et XVIIe siècles) est un bel exemple de ces implantations seigneuriales où le corps de logis est séparé de sa « basse cour » par une douve en eau large et quadrangulaire. Tourelles d’angles et pont-levis complètent le dispositif défensif et affirment le statut aristocratique de leur propriétaire.

Le creusement des douves peut atteindre une plus grande complexité lorsque plusieurs enclos se juxtaposent. L’eau protège et sépare « haute » et « basses cours » ou propose des dispositifs supplémentaires de protection des accès au château. Ces tracés de douves sont quelquefois les derniers vestiges visibles des établissements médiévaux originels dont les constructions ont disparu remplacées par des architectures plus récentes. Les douves du château de Bois-Normand-près-Lyre ou du Manoir du Rebais (commune des Bottereaux) laissent ainsi deviner l’évolution du site, de la motte castrale circulaire originelle à une suite d’enclos affectés aux communs puis abandonnés de tout usage.

La forme de la douve quadrangulaire simple a connu un énorme succès puisqu’il pouvait s’adapter à l’échelle d’une grosse exploitation agricole. La carte des alentours de la Barre-en-Ouche (illustration 3) montre ainsi sa reproduction sur un territoire relativement restreint. Et sur les cartes IGN du Sud de l’Eure, une multitude de mares/plans d’eau aux contours anguleux permet la localisation potentielle d’anciens établissements fortifiés.

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